SOMMELIER DU PARFUM Blog
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Parfum et véganisme

Cruelty-free, sans alcool, naturels et bien sûr vegan, les appellations fleurissent sur les étiquettes de parfum depuis plusieurs années. Ensemble, faisons la part des choses.

Publié le
26 février 2020

Par
Samuel Fillon

Releon8211 @ Canva
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Il existe plusieurs labels décernés par des associations, notamment V-Label et Eve Vegan en France certifiant qu’un produit est adapté à l’utilisation ou à la consommation par une personne vegan. Lolitaland de Lolita Lempicka a par exemple été estampillé “vegan” par l’association One Voice et vous êtes en droit de vous demander ce que cela signifie et à quel point ceci est différenciant par rapport à un produit non labellisé. Brève histoire de l’utilisation de notes d’origine animale en parfumerie.

Depuis plusieurs siècles, les nez utilisent des notes animales en abondance. Le musc par exemple, issu du musc tonkin, un chevrotain himalayen, a été très largement utilisé jusqu’au début du XXe siècle pour aboutir à la mise en danger de l’espèce et à l’interdiction de son usage avec le Traité de Washington en 1973. Depuis, si du braconnage est encore à déplorer, ce n’est pas dans nos flacons que l’on retrouvera de traces de musc “naturel”. Le musc de synthèse en revanche, à l’odeur propre, est fort utilisé dans les compositions modernes mais comme son nom l’indique, n’est pas lié à l’exploitation, même indirecte de l’ animal.

Même destin pour la civette, félin originaire d’Afrique de l’Est dont les glandes péri-anales dégagent une odeur intense de fourrure. Animal élevé dans la promesse d’un destin tragique – l’essence était obtenue par curetage... – la note de civette est depuis plusieurs décennies obtenue exclusivement par voie de synthèse et les parfums qui l'utilisaient ont été reformulés. Le castoréum, enfin, tiré de glandes anales du castor nord américain est encore utilisable en théorie mais en pratique lui-aussi reconstitué par voie de synthèse.

Alors, que reste-t-il d’animal dans le parfum ? Quelques rares cas où sont encore réellement utilisées des matières premières naturelles d’origine animales : l’hyraceum, la cire d’abeille et L'ambrettolide.

Hyraceum

Urine fossilisée déposée par l’hyrax, un petit animal African, l’hyraceum donne une fois dilué dans l’alcool une odeur animale proche de la civette.

Cire d’abeille

La cire d’abeille peut être extraite à l’éthanol pour donner une odeur douce et gourmande qui fait la signature de certaines créations.

L’ambrettolide

Ce musc de synthèse a pour précurseur une gomme sécrétée par une variété de cochenille. Problème donc pour les puristes. Tout va bien pour les autres.

Même dans les trois cas présentés ci-dessus, il faut s’imaginer qu’entre les molécules naturelles, coûteuses et à l’approvisionnement incertain, il existe maintenant presque toujours des substituts obtenus par voie de synthèse. Les maisons de création les favorisent donc systématiquement et les parfums sont donc de facto vegan dans une écrasante majorité des cas.

Pour aller plus loin : On peut encore trouver quelques parfums aux notes animales sur Slate.fr